Manque d’électricité, cherté de la vie : les évêques de Guinée dénoncent la ‘’précarité et la misère économique’’ sous le règne du CNRD

Les évêques de la Conférence épiscopale de Guinée (CEG), à l’issue de la seconde session ordinaire de l’année pastorale 2023-2024, tenue à Conakry du 28 avril au 3 mai 2024, ont évoqué des difficultés que traversent les guinéens. Ils estiment, dans un message adressé aux autorités, que ces difficultés ont été aggravées par un manque de visibilité dans l’orientation, le programme et le calendrier de la transition.

Ces prélats assurent qu’au témoignage de tous, ‘’l’enthousiasme et le flot d’espérance qui ont accueilli l’avènement du CNRD le 5 septembre 2021 et qui se sont exprimés spontanément à la célébration du 2 octobre 2021 dans les rues et sur les places publiques ont aujourd’hui cédé la place au doute, aux questionnements, voire à la déception’’.

Ils affirment plusieurs faits ont conduit à l’extinction de l’espoir et de la joie. Il s’agit entre autres des ‘’coupures d’internet du 24 novembre 2023 au 23 février 2024, de la suppression de plusieurs médias sur le bouquet canal, le brouillage des ondes de certains, l’emprisonnement de certains journalistes, etc.’’.

‘’Plus que des délestages, il règne actuellement une véritable pénurie d’électricité et d’eau courante dans la capitale Conakry et dans d’autres villes l’intérieur, sans compter une montée fulgurante du prix des denrées de première nécessité : riz, huile, sucre, oignons, etc.’’, martèlent les évêques de l’église catholique de Guinée.

Ils notent que ‘’toute cette période de transition est caractérisée par une aggravation de la situation des millions des jeunes diplômés sans emploi qui, comme on dit en Guinée, se débrouillaient dans les ateliers, les salons de coiffure, les garages, etc. Et le manque d’électricité avec les restrictions de l’espace médiatique vient exposer ces jeunes qui ont du mal à joindre les deux bouts à une précarité et une misère économique plus grande encore’’.

Selon ces chefs religieux, face au manque d’électricité, à la hausse du prix des denrées alimentaires et au chômage chronique de la majorité des jeunes diplômés, ‘’nous assistons ces derniers temps à des manifestations de rue et à des dérapages ou bavures des forces l’ordre et de sécurité’’. Ils font remarquer que ‘’chaque manifestation ou grève est soldée par un ou des morts des jeunes. N’y aurait-il aucune possibilité de maintenir l’ordre dans notre pays sans utiliser des armes létales ? Ailleurs, la mort d’un manifestant par balle perdue causerait la mort du ministre de la sécurité’’.

‘’Ces remue-ménages ne sont-ils pas des cris de révolte des populations qui expriment leur déception ?’’, s’interrogent-ils, ajoutant que ‘’ces manifestations de rue et ces pneus enflammés ne sont-ils pas l’expression des frustrations qui risquent d’assombrir le climat général du vivre-ensemble et d’emporter les maigres acquis dont nous avons hérité de nos prédécesseurs ?’’.

Avant de conclure qu’un ‘’certain silence ou mutisme de nos autorités face à ces violences qui couvent et qui inquiètent les citoyens est source d’angoisse et de peur chez tous’’.

Abdoulaye Bella DIALLO, pour VisionGuinee.Info

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